Connect with us

Bonjour, que recherchez-vous ?

En pleine actualité

Sommet mondial de l’alimentation. Des enjeux immenses pour les peuples et la planète

Le Sommet mondial des systèmes alimentaires organisé par l’ONU s’ouvre à New-York ce jeudi 23 septembre 2021. Par Fabrice Savel.

FacebookTwitter

Plus de 85 chefs d’Etat et de gouvernement devraient participer ce jeudi au Sommet mondial sur les systèmes alimentaires.

Les enjeux sont immenses. Les systèmes alimentaires sont jugés responsables d’environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et la faim continue de progresser: elle touche 811 millions de personnes dans le monde tandis que 2,7 milliards de personnes n’ont pas accès à une alimentation saine, selon un rapport de l’ONU.

Le sommet a donné lieu à 18 mois de préparation depuis l’annonce de sa tenue en octobre 2019 par Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU. Pour ses organisateurs, il s’agit d’un « Sommet des peuples » dédié pour la première fois aux « systèmes alimentaires » – qui vont des producteurs aux distributeurs, en passant par les industries alimentaires, les fabricants d’intrants, etc.

Pendant des mois, des « dialogues », impliquant toutes sortes d’acteurs et de parties prenantes, ont été menés dans 148 pays pour explorer les diverses façons de rendre les systèmes alimentaires plus équitables, plus efficaces et plus respectueux de l’environnement. Plus de 80 pays ont déjà transmis leur « chemin national » pour y arriver, précisent les organisateurs du sommet. Mais depuis plusieurs mois, certaines ONG critiquent les modalités inhabituelles d’organisation du sommet, les jugeant « opaques ». Elles redoutent que les pistes retenues ne fassent la part belle à « l’agrobusiness » au détriment de l’agriculture paysanne.

Et pour cause, c’est la première fois qu’un sommet de l’ONU sur l’alimentation n’est pas initié par les États, mais est issu d’un partenariat avec le forum économique de Davos. Un mélange des genres qui fait dire à l’ONG Action contre la faim « qu’avec son manque d’inclusivité et de légitimité, le sommet sur les systèmes alimentaires à l’initiative des Nations Unies, auto-baptisé « sommet des peuples », met en péril l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation. »

Pour l’ONG Grain, qui défend les petits paysans, « le sommet a été détourné dès le début par les multinationales. Et, Grain relève aussi qu’Agnes Kalibata, l’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies pour ce sommet, préside par ailleurs, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), lancée par la Fondation Bill & Melinda Gates à qui l’ONG reproche de promouvoir l’industrialisation de l’agriculture en Afrique.

Or, les enjeux humains sont colossaux. 768 millions de personnes ont souffert de la faim en 2020 et la pandémie de covid-19 pourrait avoir plongé 83 à 132 millions de personnes supplémentaires dans la faim chronique en 2020, ce qui nous éloigne encore plus de l’objectif Faim zéro.

Or, si la production alimentaire mondiale s’est accrue de 300% depuis le milieu des années 1960, 60% des populations qui souffrent de la faim sont issues du monde rural. Terrible paradoxe, alors que trois agences de l’ONU, la FAO (agriculture et alimentation), le PNUD (développement) et le PNUE (environnement), ont publié deux jours avant l’ouverture du Sommet mondial des systèmes alimentaires un rapport qui porte un jugement sévère sur l’impact des soutiens aux agriculteurs dans le monde.

Les trois agences onusiennes estiment que le soutien aux agriculteurs représente au total 540 milliards de dollars par an en moyenne ces dernières années. Et que sur ce montant, environ 470 milliards de dollars – soit 87% – génèrent « des distorsions de prix et sont dommageables pour l’environnement et socialement ».

Ainsi, souligne leur rapport, les aides budgétaires aux agriculteurs, peuvent de leur côté avoir « un impact négatif sur l’environnement » lorsqu’elles sont liées à une production ou à un intrant en particulier. Cela peut entraîner une « utilisation massive de produits chimiques, un appauvrissement des ressources naturelles et le développement de la monoculture ».

Ces aides sont également susceptibles de nuire à l’équilibre nutritionnel des populations en favorisant la consommation de denrées de base (sucre etc.) au détriment des fruits et légumes, fait valoir Marco Sanchez, économiste à la FAO et l’un des auteurs du rapport.

Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, estime qu’avec des soutiens à l’agriculture « plus respectueux pour la nature, plus équitables et plus efficaces, nous pouvons améliorer les moyens de subsistance tout en réduisant les émissions polluantes, en protégeant les écosystèmes et en réduisant l’utilisation de produits agrochimiques ».

Lire aussi :

Image Sasin Tipchai / Pixabay.

Laissez-nous un commentaire

Cliquez pour commenter

Vous devez être connecté pour publier un commentaire. Login

Leave a Reply