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Placer l’agriculture et la nourriture au cœur des priorités

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L’agriculture, le travail paysan, c’est-à-dire la production d’une nourriture de qualité pour l’ensemble de nos concitoyens, ne peut être l’objet de discours creux comme entendu lors de la fête agricole dans le Loiret, vendredi dernier, ou lors du salon de l’élevage « Le Space » à Rennes.

D’abord parce que la souffrance des paysans est extrêmement grande. La pauvreté, la misère, la perte de goût pour le métier, la perte de sens du travail sont profonde et inquiétantes. On ne compte plus les agriculteurs qui disent vouloir tout abandonner, tant les prix à la production ne rémunèrent plus le travail.

Il est donc de la responsabilité du gouvernement de décider de mesures financières de compensation des pertes, dues à la pression à la baisse sur les prix quand les coûts de production montent en flèche, en mettant à contribution les industries d’amont et les secteurs de la grande distribution qui eux se gavent de profits.

Les dérèglements climatiques, provoquant sécheresse, gel, inondation, grêle, détruisent les cultures et suppriment donc tout revenu, alors qu’il faut rembourser les crédits à la banque. Or, les annonces du président de la République ne sont que de petites miettes comparées aux pertes subies ces derniers mois.

L’activation du fonds d’assurance récolte n’est que la reprise de précédentes annonces. Ce fonds doit être bien mieux abondé en mettant à contribution les assurances privées. Il faut cesser de mentir aux paysans avec des phrases comme celle, présidentielle, prononcée ce 9 septembre lors des « rencontres Terre de Jim ». Je cite : « tous ceux qui sont en train de mener un discours catastrophiste sur notre agriculture, ils préparent quoi ? Une France, où l’on devra importer nos produits qui viendront de l’étranger avec des standards sanitaires et écologiques nettement inférieurs aux nôtres ».

Quel culot ! On ne peut répéter cela et continuer de signer des traités de libres échanges tout en laissant les petits et moyens paysans dans le désarroi le plus total.

De quelle souveraineté alimentaire s’agit-il, si les politiques aboutissent à la fermeture de plus en plus d’exploitations familiales agricoles ?

On ne peut continuer un système qui fait que le travailleur-paysan s’use  essentiellement pour rembourser des crédits toute sa vie.

La banque octroie des prêts, augmentés des intérêts, que les paysans doivent rembourser toute leur vie active, les plaçant ainsi en état de sujétion aux banquiers.

Pourquoi doit-on continuer à s’inscrire dans un système qui rémunère d’abord le capital et non l’activité humaine ? Les autorités publiques et les secteurs d’amont et d’aval de l’agriculture n’ont que faire des hommes et de la nature puisqu’ils continuent à pressurer le travail paysan pour compresser les prix afin d’éviter d’augmenter les salaires dans l’industrie et les services.

Seul compte pour les tenants du système les indicateurs « macro-économiques », sans tenir compte de la vie humaine, animale, des sols et de la biodiversité indispensable à la vie.

Ils projettent, avec les mastodontes numériques nord-américains, de dépasser cela en inventant une alimentation de plus en plus industrielle et artificielle. Or, l’enjeu est d’ouvrir sans attendre avec les agriculteurs et les scientifiques, les consommateurs et les élus un processus permettant de faire face aux bouleversements climatiques en cours. Il faudra cultiver autrement, élever les animaux autrement. Transformer et distribuer autrement. Cela prendra des décennies. Il est nécessaire de bien mesurer le poids des énergies carbonées pour la production agricole et la nourriture. En amont, les engrais sont dépendant des combustibles fossiles, comme les machines agricoles. À l’aval les récoltes, leur transport jusqu’aux élevages, sont dépendants des entrepôts de stockage ou des usines agro-alimentaires qui elles-mêmes en sont dépendantes. Toute la chaîne alimentaire est dépendante des hydrocarbures. Le chantier de la transition est donc immense. Il implique de changer radicalement les politiques publiques et de travailler à une nouvelle politique agricole et alimentaire européenne qui aurait pour priorité non plus la rentabilité des banques et du complexe agro-alimentaire mais une vie digne et heureuse pour les travailleurs- paysans et le soutien à la nature. La mission de l’agriculture est d’intérêt général et public.

Patrick Le Hyaric, 15 septembre 2022.


Image by CESAR AUGUSTO RAMIREZ VALLEJO from Pixabay.

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