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« Parce que là, on va crever »

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« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. Il en était question dans la chronique du 8 août. Cet été 2022 restera comme celui d’événements inédits, d’un basculement lié aux conséquences du réchauffement climatique. Dans le midi, les cigales ne chantent plus. En stress thermique, l’insecte ne produit plus son chant d’amour pour attirer les femelles pendant la période de reproduction. La Méditerranée est aujourd’hui un bain chaud, avec 30 degrés, soit six de plus que la moyenne. L’impact sur la biodiversité inquiète d’autant plus que cet incendie sous-marin va durer (lire l’Humanité du 16/08). Ailleurs, je lis que les lézards naissent déjà vieux. Avec la hausse des températures, leur espérance de vie est raccourcie. 

Ici, en Béarn, les estives pyrénéennes ont l’apparence d’une savane africaine. Ce qui d’habitude est vert et tendre est devenu jaune et sec. Le tapis de verdure a pris feu. Les bergers observent le comportement des brebis et des chèvres confrontées à l’été caniculaire. J’ai souvenir de belles pages de Laurent Gaudé dans « Le soleil des Scorta », quand le soleil ardent fait claquer les pierres. Sauf que la fournaise était celle des Pouilles, en Italie, ce que n’ont jamais vécu les montagnes basco-béarnaises. 

Pas le choix. Il faut donc quitter l’estive et redescendre. Pas le choix. Il faut donc entamer les réserves de fourrage alors que les stocks sont bien maigres. Pas le choix. Des éleveurs se trouvent dans l’obligation de vendre des bêtes pour acheter du foin et maintenir en l’état le reste du troupeau. C’est un déchirement, beaucoup d’éleveurs préfèrent ne pas en parler, et une épée de Damoclès avec une nouvelle baisse de revenus. Dans l’édition de Sud-Ouest du 18/08, un berger décrit la flambée des prix et la spéculation sur les fourrages. La tonne est à 315 euros en moyenne contre 230 euros l’an dernier. Et qu’en sera-t-il dans deux mois ? Il demande une aide financière de l’État, « parce que là, on va crever ».

La cellule interministérielle de gestion de crise, installée dernièrement par Élisabeth Borne pour faire face aux conséquences de la sécheresse, doit agir en urgence. Une aide à l’achat et au transport de paille et de foin est aujourd’hui indispensable. L’ouverture du fonds de calamité agricole pour indemniser les pertes de revenus l’est tout autant. Le blocage des prix doit mettre un terme à la spéculation. Sur un plateau télé, un intervenant libéral m’a expliqué que c’était la loi de l’offre et la demande, que cela allait se « réguler ». La bonne blague. Le capitalisme dans sa phase actuelle combine, comme jamais auparavant, inégalités sociales et réchauffement climatique. 

Allô Matignon ? Parce que là, il y a urgence.


Image par JCH de Pixabay.

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