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Les arbres, la viande et la politique

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France 2 a consacrée sa première partie de soirée aux forêts quelques mois après les dramatiques incendies de l’été qui nous ont tous ému et révolté. L’intitulé de l’émission a repris pour titre celui d’une belle chanson de Yannick Noah « Aux arbres citoyens ». Il l’a chanté en début d’émission animé par Léa Salamé et Hugo Clément entourés de plusieurs scientifiques et de militants de l’environnement dont Cyril Dion .

Félicitations au service public d’avoir eu le courage d’organiser une telle soirée qui n’a pourtant réuni qu’un peu plus d’un million de téléspectateurs. La soirée était intéressante même si malheureusement, comme c’est devenu trop le cas dans les médias radio télévisés, plus personne ne peut développer un raisonnement, déplisser une pensée complexe sans être coupé par des journalistes qui se croient autorisés à poser des rafales de questions sans laisser écouter les réponses.

Les scientifiques comme les militants nous ont malgré tout appris beaucoup de choses sur la condition du vivant, la biodiversité,  la vie et l’utilité des arbres et des forêts, ces alliés des humains.

Organisée en partenariat avec « France Nature Environnement », l’émission a permis aux téléspectateurs de collecter au moins un million d’euros pour replanter des forêts et en protéger d’autres. Cependant, cette émission ne faisant prétendument « pas de politique », elle n’a pas permis de traiter un certain nombre de questions, pourtant essentielles.

Pourtant, la ministre de la transition écologique a pu débiter ses rengaines sur l’air « d’embarquer tout le monde pour l’environnement » et de demander à « chacun de faire quelque chose pour l’écologie ». Une belle manière de ne pas parler des grandes transnationales des énergies fossiles pourtant responsables de 90% des émissions de gaz à effet de serre.

La forêt est l’une des victimes des bouleversements climatiques mais le ministre ne s’est pas expliqué sur la critique émise par le Haut conseil pour le climat selon laquelle « la France n’est pas sur la trajectoire de respect des accords de Paris ».

Il n’a rien dit non plus des politiques d’austérité qui ont conduit à réduire de 13 000 à 8000 le nombre d’agents publics à l’Office national des forêts (ONF) alors que leurs missions s’élargissent.

Puis, au cours de l’émission est venue une nouvelle fois la question de la viande. La plupart des journalistes sur le plateau ont développé l’argument juste selon lequel la viande qu’on déguste ici est obtenue à partir de la déforestation de la forêt Amazonienne. Vrai !

Mais alors, pourquoi ne pas mentionner les accords internationaux qui depuis la création du marché commun agricole stipulent que l’Union européenne doit importer un important contingent de soja des Amériques ?

Cette ineptie contre le développement d’une filière de protéines végétales en Europe a été confirmée et amplifiée dans les accords dit de « Blair House » en 1992, pour mettre l’organisation mondiale du commerce sur les fonts baptismaux. Nous payons très cher aujourd’hui cette capitulation européenne et française. Ajoutons les fameux accords d’importations de viande dans le cadre des traités avec les pays dit du Mercosur. Actuellement on poursuit la décapitation du cheptel ovin Français avec un accord de libre échange avec la Nouvelle Zélande qui mettra le gigot néo-zélandais dans nos assiettes. Comme le traité de libres échanges avec la Canada, ceci se fait sans même que le parlement n’ai pu encore se prononcer. Et, pourquoi ne dit-t’on jamais rien de la fabrication de viandes artificielles portée par les géants du numérique Nord-Américain.

Au lieu de culpabiliser les consommateurs et les familles populaires, pourquoi ne rien dire sur ces questions sinon pour protéger les firmes transnationales et une agriculture productiviste industrialisée, avec des plantes génétiquement modifiées. Au fond, protéger un système dont la raison d’être n’est ni la vie des forêts, ni celle des vaches, mais l’insatiable appétit de profits. Ce sont bien des choix politiques et économiques qui organisent les sociétés et le monde.

Et, ils le font non pas pour le vivant mais pour la rémunération du capital. Le prétendu « apolitisme » est donc bien de la politique au service du système.

En répétant aux citoyens qu’ils sont responsables de leurs malheurs et qu’ils doivent se priver toujours plus, le système les désarme et dresse devant eux les murs de l’impuissance. Heureusement, les mobilisations pour le climat et l’environnement portent concomitamment les questions sociales et écologiques.  À leur tête, les jeunes générations secouent la société et sonnent l’alarme, « Aux arbres citoyens » !

Oui, remerciement au service public, mais la vie des arbres, celle des forêts est bien tributaire de choix politiques. Il faut en changer, pour que les enfants qui naissent aujourd’hui puissent vivre sur une planète vivable et durable lorsqu’ils auront 20 ans.

Image by Picography from Pixabay.

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