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« Il n’y a pas d’agriculture sans eau ! »

Dans une lettre ouverte au ministre de l’agriculture, le mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef) exige l’activation du Fonds National de Gestion des Risques Agricoles (FNGRA) par le biais du régime des calamités agricoles afin d’indemniser les exploitants qui sont confrontés à des pertes de récoltes en raison de la sécheresse.

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Lettre ouverte du Modef sur le a sécheresse au ministre de l’agriculture. « Monsieur le Ministre,

Les éleveurs, les maraîchers, les producteurs de fruits et légumes, les viticulteurs subissent une sécheresse historique sur tout le territoire et des épisodes caniculaires. Les vagues de chaleur de ces derniers jours perturbent l’élevage en termes d’alimentation, d’abreuvement des animaux et la phénologie des cultures.

Il n’y a pas d’agriculture sans eau ! L’agriculture est à la fois consommatrice d’eau mais aussi une clé pour limiter le changement climatique. Elle est souvent montrée du doigt comme étant l’une des causes majeures du dérèglement climatique mais elle est aussi source de solutions par sa capacité à stocker du carbone dans les végétaux et dans les sols.

L’année 2022 est une année très difficile pour les paysans, affaiblis par une hausse des matières premières liée au conflit en Ukraine ainsi que par les aléas climatiques (gel, grêle et sécheresse). La sécheresse frappe toutes les exploitations agricoles du territoire français avec des récoltes de fourrages et de céréales moyennes. Selon la note d’Agreste conjoncture, la production de céréales pourrait diminuer de 7,6 % sur un an à cause d’une diminution de rendement des céréales de printemps. Les éleveurs ont commencé à puiser dans leurs réserves d’hiver depuis début juillet. Les prix du foin et de la paille flambent atteignant des prix élevés.

Pour faire face à cette situation, le Modef demande l’interdiction des cultures agricoles dédiées à la méthanisation. Malheureusement, la paille, le maïs et les céréales sont utilisés à d’autres fins que l’élevage, notamment comme combustible dans la méthanisation. Nous sommes scandalisés que certaines cultures soient consacrées au développement énergétique !

L’utilisation de ces cultures met en péril la souveraineté alimentaire ! Le Modef exige l’activation du Fonds National de Gestion des Risques Agricoles (FNGRA) par le biais du régime des calamités agricoles afin d’indemniser les exploitants qui sont confrontés à des pertes de récoltes en raison de la sécheresse.

Nous revendiquons la modification des seuils de pertes de récolte à un taux de perte physique à 10 % au lieu de 30 % de la production annuelle. De plus, nous souhaitons que l’État abonde le fonds des calamités agricoles à hauteur des besoins.

Dans les mesures d’urgence, nous réclamons le blocage des prix de la paille et du foin afin de stopper la spéculation et la prise en charge par l’État du transport de la paille et du foin. Les éleveurs demandent à leurs collègues céréaliers de la solidarité en réservant une quantité de paille pour pouvoir les fournir. Il est urgent d’agir car les éleveurs laitiers et allaitants ont commencé à décapitaliser !

Le Modef comme la plupart des citoyens est conscient que l’eau est une ressource naturelle vitale et qu’à ce titre, elle ne peut être assimilée à une marchandise et doit être considérée comme patrimoine de l’humanité. De ce fait, la gestion doit être publique.En France, la plupart de nos cultures sont en effet arrosées naturellement, par l’eau de pluie. Ce n’est pas le cas pour d’autres pays puisque l’agriculture irriguée produit plus de 40 % de l’alimentation mondiale sur moins de 20 % des terres (source INRAE).

L’irrigation représente 9 % de l’agriculture française.Il y a deux irrigations agricoles, celle pour une agriculture durable prônée par le Modef, servant de sécurité pour un minimum de production et celle ultra productiviste visant une augmentation de la production toute l’année. L’irrigation doit être considérée comme une assurance sécheresse pour compenser le déficit en eau, plutôt que comme moyen de produire plus. La priorité de l’utilisation des ressources doit aller aux eaux de surfaces telles que lacs et réserves collinaires, nappes superficielles, cours d’eau (fleuves, rivières, ruisseaux). Le Modef est défavorable à l’utilisation des nappes profondes qui ne se reconstituent que très lentement, cette eau potable doit être réservée à l’utilisation humaine et animale.Le Modef est attaché au respect des ressources naturelles notamment la préservation de l’eau. Mais le maintien d’une activité agricole y compris durable, économiquement pérenne, dans notre territoire, suppose des disponibilités en eau pour sécuriser les quantités produites et favoriser la diversification des cultures.

Le Modef rappelle qu’il s’est toujours battu pour une politique de création de retenues d’eau de petite quantité. Retenir l’eau l’hiver pour pouvoir l’utiliser en période sèche relève du bon sens, à condition que l’irrigation reste une assurance sécheresse.Certains leviers devront être mis en place pour s’adapter au changement climatique comme la mise en place de haies, bandes enherbées, fossés, mares pour limiter le ruissellement de l’eau ; de couvrir les sols pour les protéger contre l’érosion, de développer la polyculture-élevage afin d’apporter de la matière organique et de valoriser les surfaces en herbe et de réutiliser les eaux usées traitées pour l’agriculture.

Le Modef demande de réunir en urgence la cellule sécheresse afin d’échanger avec vous pour trouver des solutions adaptées à la situation.Vous remerciant de l’attention que vous ne manquerez pas de porter à ma demande et dans l’attente de votre réponse, recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération. »

Pierre THOMAS, Président du MODEF National.


Photo Klimkin pour Pixabay.

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