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50,06.

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« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles. Il y a quelques années encore – mais combien exactement ? -, aux Halles de Pau, en cœur de ville, un vendredi avant le premier tour d’une élection législative, c’était un véritable petit spectacle et chacun s’appliquait à bien y tenir son rôle. D’abord les candidats et leur équipe. Il s’agissait alors d’arriver assez tôt et assez nombreux pour s’installer sur le meilleur emplacement. Puis de lancer les soutiens, par deux ou trois, avec les tracts, à l’extérieur des Halles, par une simple déambulation à l’intérieur avec les candidats. Les étaliers, dont des personnages haut en couleurs, jouaient leur partition à la perfection, entre complicité pour les candidats qu’ils fréquentaient tout au long de l’année, et agacement pour ceux qui, pour des raisons électorales, s’aventuraient pour la première fois dans les allées marchandes.

Et puis les Paloises et les Palois ! « Faux et courtois comme un Palois » ou comme un béarnais, « Biarnés faus et cortès », selon les Bigourdans ! « Vu de Pau », les choses sont plus complexes. Et puis, à l’origine de cette expression, on disait « fidèle » et pas « faux ». Cela est mieux. Mais il est vrai, après une discussion sur le marché des Halles, à quelques exceptions près, le secret du vote reste…un secret, quand bien même on a pu discuter et échanger très directement avec son interlocuteur .

Il y a quelques années encore -mais combien exactement ?-, les campagnes législatives permettaient un beau débat, « projet contre projet » selon l’expression consacrée, avec des dossiers plus locaux que l’on pouvait ainsi traiter avec une pluralité de regards. La presse locale consacrait alors des pages entières avec un comparatif des programmes des différents candidats.

Que s’est-il passé pour en être arrivé à ce que nous venons de vivre – ou plutôt de ne pas vivre –  au cours des dernières semaines ? Quinquennat et inversion du calendrier électoral. Crise démocratique et institutionnelle. Crise française par la succession de gouvernements et de majorités ne répondant plus aux besoins de notre société. Loi du fric et mépris de classe. Augmentation des inégalités et des dividendes. Déclassement et peurs. Trop de vies abîmées pour lesquelles la politique est un ailleurs, très lointain, observé avec indifférence ou colère.

Comme si cette réalité n’était déjà pas assez préoccupante et dangereuse, la dépolitisation est devenue une stratégie centrale pour rendre la présidentielle et les législatives les plus atones possibles. La mobilisation citoyenne et civique est redoutée, car elle pourrait renverser la table. Depuis combien de temps exactement ? Cela a commencé avant Macron mais, en la matière, il a, dès 2017, engagé une vaste opération  d’enfumage. Les élections de 2022, comme jamais auparavant, ont donné à voir le niveau de cynisme et d’irresponsabilité du camp macroniste pour empêcher, par tous les moyens, le débat démocratique sur les grands enjeux du moment, alors que nous vivons, en direct, le basculement dans une nouvelle époque avec des défis vertigineux et vitaux.

En retardant le plus possible l’entrée en campagne, pour la présidentielle et les législatives, en refusant de se plier à l’exercice démocratique en présentant un programme et en acceptant la confrontation,  puis en allant à l’égout par des attaques de plus en plus outrancières visant la gauche unie, Emmanuel Macron et « Ensemble » sont très certainement dans une « fébrilité » comme j’ai pu le lire à de nombreuses reprises. Les résultats du premier tour, marqués par la percée de la Nupes, apportent un souffle démocratique pour un autre avenir. C’était souhaitable. C’est devenu possible. Mais le danger est là : Macron est le nom d’une entreprise de démolition de notre vie démocratique pour mieux poursuivre la casse sociale et la guerre de tous contre tous.

Vendredi, j’étais aux Halles de Pau…c’était très calme. Trop calme. Dimanche, 50,06 des paloises et palois, inscrits sur la liste électorale, ont voté. Mieux que la participation nationale mais personne ne songera à trop s’en féliciter. Ça sonnerait faux.


Image par Michel Huché de Pixabay.

 

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