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Grippe aviaire. L’Europe face à la pire épidémie de son histoire

L’Europe traverse depuis plus d’un an l’épidémie de grippe aviaire « La plus dévastatrice » de son histoire, avec 50 millions d’oiseaux abattus dans les élevages infectés et un virus qui redouble d’ardeur à l’entrée dans l’hiver.

En France, le nombre d’élevages touchés a plus que doublé en quelques semaines, passant de 91 foyers début décembre à 211 au 19 décembre, selon le ministère français de l’Agriculture. Avant cette nouvelle accélération, entre août et début décembre, plus d’un million de volailles avaient été euthanasiées.

La précédente vague de grippe aviaire dans les élevages français, entre fin novembre 2021 et mi-mai 2022, avait entraîné l’euthanasie de plus de 20 millions de volailles. Ce bilan inclut les animaux euthanasiés dans les élevages infectés, mais aussi ceux abattus préventivement pour tenter de prendre le virus de court.

Pour la Confédération paysanne et le Modef, « le constat est clair : après la mise en œuvre de cette « mise à l’abri », la saison 2021-2022 a battu tous les records en termes de nombre de foyers en élevage (plus de 1500) et de nombre d’animaux abattus (plus de 20 millions). C’est donc bien l’industrialisation de l’élevage et des filières qui propage la grippe aviaire et l’a rendue endémique au sein de la faune sauvage de nos territoires. En ce début de mois de décembre, la situation critique du haut bocage Vendéen confirme cette hypothèse. »

« Puisque la maladie s’installe, il faut trouver une solution pérenne (…) je forme le voeu qu’on puisse aller plus vite, comme ça a été le cas pour trouver un vaccin humain contre le Covid », a plaidé Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire français FNSEA et européen Copa, interrogée mardi sur France info.

Les pertes de poulets, canards ou dindes sont, en réalité, plus considérables, car ce bilan de 50 millions d’oiseaux euthanasiés n’inclut pas les abattages préventifs d’animaux sains autour des foyers, a précisé mardi l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

L’épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), communément appelée grippe aviaire, qui sévit sans discontinuer depuis l’automne 2021 est considérée par l’EFSA comme « la plus dévastatrice » qu’a connue l’Europe, dans un rapport publié mardi.

Le virus, détecté dans 37 pays européens entre octobre 2021 et septembre 2022, a aussi traversé l’océan Atlantique, s’est propagé en Amérique du Nord et touche désormais jusqu’à l’Equateur, qui a activé début décembre un plan visant à protéger les oiseaux sauvages des îles Galapagos.

En Europe, le virus ne s’est pas éclipsé à la faveur de l’été dans la faune sauvage, décimant des colonies d’espèces marines protégées. Et les contaminations ont repris précocement dans les élevages.

Selon l’EFSA, entre le 10 septembre et le 2 décembre 2022, il y avait 35% d’élevages contaminés en plus par rapport à la même période l’an dernier. France, Royaume-Uni et Hongrie sont les plus affectés. À la suite d’une requête de la Commission européenne, l’EFSA « évalue actuellement la disponibilité de vaccins contre l’IAHP pour les volailles, et examine d’éventuelles stratégies de vaccination ».

Les résultats de ces travaux seront connus au second semestre 2023. Vendredi, l’agence sanitaire française Anses avait indiqué que les conditions n’étaient « pas réunies à l’heure actuelle pour vacciner efficacement » cet hiver.

Le vaccin est très attendu par des éleveurs psychologiquement et financièrement éprouvés par l’année écoulée, même si l’État indemnise les animaux euthanasiés.

« Sur les cinq vaccins actuellement disponibles dans le monde, un seul dispose d’une autorisation de mise sur le marché en Europe pour les poules », relève l’Anses. Or, cette autorisation date de 2006, « et la souche vaccinale sur laquelle il est basé n’a pas été actualisée depuis ».

Pour être efficace, la stratégie vaccinale devrait aussi concerner les canards, qui sont les plus sensibles au virus, explique Gilles Salvat, directeur général délégué de l’Anses pour la recherche.

Des vaccins destinés aux canards sont « en cours de recherche et de développement mais ils ne seront pas commercialisables cet hiver », rappelle l’Anses.

La France connaît une forme « d’endémisation dans la faune locale, et non pas seulement avec les oiseaux migrateurs », jusque-là considérés comme les principaux vecteurs du virus, relève M. Salvat.

Avec AFP.


Image by Andreas Göllner from Pixabay.

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