Au cœur d'une région

Chaud ! Température Climatique Et Démocratique.

« Vu du Béarn », la chronique d’Olivier Dartigolles.  Dimanche matin, la vigilance rouge canicule a été levée en Pyrénées-Atlantiques. La veille, le relevé de température sur le Boulevard des Pyrénées à Pau a culminé à 41 degrés, soit 16 de plus que les normales d’un mois de juin. Au cours des dernières années, en Béarn comme ailleurs, l’intensité et la fréquence d’épisodes climatiques hors normes se sont multipliées. Le traitement médiatique de cette actualité caniculaire a proposé un arc-en-ciel, du pire au meilleur. Un journaliste d’une chaîne d’info est sorti du cadre traditionnel d’un bulletin météo en résumant en une formule ce qu’il avait à dire : « on va cramer ».

Sur la même chaîne, la jeune militante Sasha a résisté à l’interview en mode « Don’t look up » à la française d’une journaliste passablement agacée. Et même méprisante. Quand notre société donnera-t-elle les clés du futur à la jeune génération ? Je pense à trois priorités, trois urgences : le climat, l’égalité réelle et la paix.

La canicule a asséché les corps et la terre. Les producteurs du carreau des Halles m’ont expliqué les graves conséquences pour leur activité avec des températures aussi élevées dès juin. Les syndicalistes CGT des usines Toray à Abidos et Lacq alertent sur les conditions de travail : « dans l’atelier, le thermomètre peut monter à plus de 60 degrés ». Une amie travaillant dans un Ephad palois témoigne : « on va s’en sortir…c’est dur mais on aime notre métier et il y a beaucoup de solidarité au sein de l’équipe pour prendre soin des résidents ». Et de conclure : « nous sommes toujours en sous-effectif ».

Climat, conditions de travail, système de santé : voilà de belles thématiques pour la nouvelle Assemblée nationale. Là aussi, dans la semaine de l’entre-deux-tours, on a vécu un gros coup de chauffe du côté de la macronie. De Macron lui-même, se présentant comme le seul à incarner le camp de « La République » – après avoir voulu être celui de la « raison », à François Bayrou parlant d’une « question vitale » et donc de vie ou de mort, rien de moins ; en passant par Richard Ferrand, jugeant une cohabitation « impossible », et tous les autres sur le péril « Nupes », « désordre et blocage », « anarchie et guérilla ». Après qu’ils n’aient pas fait campagne, cette dramatisation outrancière est apparue comme l’ultime aveu d’une réalité. Pour conserver le pouvoir, le macronisme et son socle sociologique (un quart du pays) voit l’exercice démocratique comme un danger, un obstacle.

La température démocratie enregistre cependant une très bonne nouvelle : le retour du Parlement ! D’une Assemblée nationale revenant au cœur de la vie démocratique en opposition frontale au jupitérisme macronien. Sur le tarmac d’Orly, le président a demandé une « majorité solide ». Jamais un président réélu n’a eu une majorité aussi relative. Un véritable coup de tonnerre. Avec une progression spectaculaire de la gauche réunie et…de l’extrême-droite. Sans oublier un taux d’abstention abyssal.

Les défis sont chauds. Brûlants. Avec deux trajectoires : celui d’un avenir vivable, respirable et humain. Ou celui d’un enfoncement dans les crises.


Image by Pexels from Pixabay.

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