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Vers l’interdiction des principaux usages du S-Métolachlore pour préserver la qualité des eaux souterraines

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L’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé mardi 14 février vouloir interdire les principaux usages du S-métolachlore, un herbicide agricole courant dont les dérivés chimiques ont été détectés au-delà des limites autorisées dans des eaux souterraines fournissant de l’eau potable. Une décision salué par l’ONG Générations Futures qui avait demandé officiellement le retrait des pesticides à base de S-métolachlore dès septembre 2022

L’Anses a mené une expertise sur le risque de contamination des eaux souterraines par la substance herbicide S-métolachlore et ses métabolites. L’évaluation montre que les concentrations estimées des trois métabolites métolachlore-ESA, métolachlore-OXA et métolachlore-NOA dans les eaux souterraines sont supérieures à limite de qualité fixée par la législation européenne en la matière. Afin de préserver la qualité des ressources en eau, l’Anses engage la procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques à base de S-métolachlore.

Avec 1.946 tonnes par an, « le S-métolachlore est l’une des substances actives herbicides les plus utilisées en France », explique l’Anses, essentiellement dans les cultures du maïs, du tournesol et du soja. Après usage dans les champs, cette substance se dégrade en des dérivés chimiques, des « métabolites », qui se retrouvent dans les sols, les eaux de surface et eaux souterraines.

Récemment, « lors des contrôles des eaux souterraines destinées à la consommation humaine, trois métabolites du S-métolachlore ont été fréquemment détectés à des concentrations dépassant les normes de qualité » fixée par la législation européenne, poursuit l’agence sanitaire. En conséquence, l’Anses annonce qu’elle « engage la procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques à base de S-métolachlore », dont un certain nombre sont commercialisés par Syngenta, le poids lourd allemand du secteur.

Mais « la décision définitive est en cours », a précisé une porte-parole de l’agence. L’interdiction des principaux usage de ces désherbants ouvrirait un « délai de grâce » permettant la vente des produits pendant encore 6 mois et leur utilisation pendant 12 mois, selon l’Anses.

Après un rapport non-satisfaisant en 2021, l’Anses avait déjà « introduit des mesures de restriction dans les autorisations de mise sur le marché des produits à base de S-métolachlore, en particulier une réduction des doses maximales d’emploi pour le maïs, le tournesol, le soja et le sorgho ». « Malgré ces mesures de durcissement, les concentrations des trois métabolites du S-Métolachlore sont en situation de dépassement des seuils réglementaires », relève l’Anses.

En France, le plan Ecophyto, révisé en 2018, s’est donné comme objectif de réduire de 50% l’usage des pesticides de synthèse d’ici à 2025. En 2021, hors produits autorisés en bio et solutions de biocontrôle (utilisant des mécanismes naturels), environ 43.000 tonnes de produits phytosanitaires ont été vendues en France, selon des données provisoires du ministère de l’Agriculture, soit 19% en dessous de la moyenne 2012-2017.

« Si nous saluons cet avis, nous tenons toutefois à souligner la lenteur du processus d’évaluation, que ce soit par l’Europe ou par l’Anses. » déclare Pauline Cervan, toxicologue en charge des questions scientifiques et règlementaire pour l’Organisation non gouvernementale Générations Futures.

« Les métabolites de cette substance, dénonce l’ONG, qui se forment dans le sol contaminent fortement les eaux souterraines et également l’eau potable. En 2021, 3.4 millions de français ont ainsi bu une eau non conforme à cause de la présence de l’ESA métolachlore, principal métabolite du S-métolachlore. C’est pourquoi Générations Futures avait demandé officiellement le retrait des pesticides à base de S-métolachlore dès septembre 2022 dans une lettre d’avocat de demande officielle à l’Anses et dans un rapport publié le 22 septembre 2022. »

« Dès 2004, souligne l’ONG, la Commission alertait déjà les Etats Membres sur les risques de contamination par les métabolites des nappes phréatiques et par conséquent de l’eau potable. Aujourd’hui cela fait 8 ans que le dossier est en cours de réévaluation. Le potentiel cancérigène du S-métolachlore est reconnu par l’Anses depuis au moins 2021. Pourquoi avoir alors attendu encore deux ans pour annoncer le retrait de ces produits ? »

« Cette lenteur du processus d’évaluation européen est responsable de tant d’années de contamination des eaux souterraines et potables par les métabolites. » conclut François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.


Image by OpenClipart-Vectors from Pixabay.

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